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Agriculture biologique et changements climatiques Deux gaz en question

Lors du colloque DinABio (1), Claude Aubert a présenté une synthèse de la 1ère rencontre européenne scientifique sur l'impact des modes de production agricole et de consommation alimentaire sur le changement climatique (2). Synthèse.

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« Concernant les émissions de CO2, on note finalement
peu de différence entre l’AB ou le conventionnel »
explique Claude Aubert, membre de l’association des adhérents
français de l’Ifoam (3).
(© C. Zambujo, Terre-net Média)
Selon le dernier rapport de la Fao, l’agriculture représentait en 2007 près de 24 % des émissions de gaz à effets de serre (Ges), contributions directes et indirectes. « La contribution par hectare est nettement plus faible en bio par rapport au conventionnel, explique Claude Aubert, de l’association des adhérents français de l’Ifoam³ (cf : DinABio à Montpellier - Ça phosphore autour du bio et de son évolution !). On estime cette baisse entre 20 à 50 %, liée à la baisse d’émission de CO2, à moins d’utilisation d’engrais azotés de synthèse… »

Mais on sous-estime trop souvent le rôle joué par deux autres gaz, le méthane (CH4) et le protoxyde d'azote (N2O). Les émissions de méthane proviennent du tube digestif des ruminants et de la fermentation des effluents d'élevage (fumier, fientes, lisier). Celles de N2O proviennent de la fertilisation azotée et, dans une moindre mesure, des effluents d'élevage. À eux deux, ils sont responsables d'environ 30% de l'effet de serre. Or l'agriculture est la principale source de ces deux gaz.

Compliqué pour le N2O

Besoins de recherche : quelques pistes

  • Optimisations du traitement des effluents pour minimiser les émissions des CH4 et de N2O 
  •  Impact des systèmes d’exploitation sur la séquestration du carbone 
  •  Modification de l’alimentation des ruminants pour diminuer les fermentations entériques 
  • Potentiel des légumineuses pour réduire les émissions de GES 
  • Installations de biogaz à l’échelle d’exploitations agricoles de taille moyenne
 « Concernant les émissions de CO2, on note finalement peu de différence entre l’AB ou le conventionnel, mais et existe encore des marges de progrès pour réduire d’au moins 50% d’ici 2050 les émissions de gaz à effet de serre » poursuit Claude Aubert. Par contre, le cas du protoxyde d’azote est bien plus compliqué. On sait toutefois que les émissions de N2O augmentent avec l’apport et surtout, l’excès d’azote non assimilé par les plantes. Ainsi, une étude a conclu que les émissions de N2O était 7 fois plus élevées pour une production de foin de fléole (avec apport de 140U d’azote), que pour une production de foin de trèfle (non fertilisé), à matière sèche équivalente. Par ailleurs, d’autres études ont confirmé que l’azote fixé biologiquement contribuait beaucoup moins aux émissions de N2O que celui apporté. « Il est aujourd’hui scientifiquement admis qu’une des clés de la baisse des gaz à effet de serre par l’agriculture, bio ou conventionnelle, est d’augmenter la part des légumineuses ; elles permettent un apport naturel d’azote aux plantes par fixation de l’azote atmosphérique, augmentent le rendement, notamment en bio, réduisent les émissions de CO2 et de N2O liées à la synthèse des engrais. »

Changer l’utilisation du sol

 Mais il est également admis que le plus gros potentiel de séquestration du carbone est le changement d’utilisation du sol, avec une transformation vers la forêt ou la prairie. « La vraie question est la suivante : faut-il libérer de nouvelles surfaces ou reboiser ? » Théoriquement, l’augmentation des rendements devraient permettre de libérer des surfaces « qui pourraient ainsi être utilisées pour le reboisement ». La réponse se situe probablement entre les deux, car la pénurie céréalière actuelle redonne du poids à l’agriculture. « Il faut revenir vers une agroforesterie forte : planter des haies, enherber les vignes et les vergers, nourrir les animaux à l’herbe pour augmenter les surfaces de prairies. Aujourd’hui, la nécessité est de revenir à une agriculture multiple. » 


Source : Ifen (© D.R.)

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